Dans le contexte des changements climatiques, il est attendu que les perturbations naturelles, notamment celles dues au vent et aux pullulations de scolytes, s’intensifient dans le futur. Quelles stratégies de gestion peuvent être mises en place pour en atténuer les effets ? En Europe centrale, la gestion vers des forêts irrégulières a été proposée comme mesure pour réduire le risque de perturbations. Est-ce une décision concluante ?
Pour répondre à cette question cruciale, une étude a été menée sur différents sites autrichiens, dont l’objectif était précisément d’évaluer les différences dans le régime de perturbations entre des forêts de conifères irrégulières et équiennes pendant la période 1986 à 2020. Ces sites brassent un large éventail de conditions environnementales et le traitement irrégulier y est pratiqué depuis plusieurs décennies. Les forêts équiennes choisies pour l’étude se situent à proximité des forêts mélangées, et les scientifiques ont veillé à ce que les conditions environnementales y soient comparables.
Les principaux résultats indiquent que dans les forêts irrégulières, les taux de perturbation sont en moyenne 31,3 % plus faibles. Le retour d’une perturbation y est 36,3 % moins fréquent, et la surface maximale affectée est en moyenne 15,7 % moins grande par rapport aux forêts équiennes à proximité. En revanche, la proportion de perturbations de forte intensité n’est que très faiblement inférieure (3,8 %) dans les forêts irrégulières par rapport aux forêts régulières. Il est également à noter que la topographie du lieu exerce une forte influence : en effet, même si les forêts irrégulières ont globalement des taux de perturbation moindres, ceux-ci sont plus importants que les forêts équiennes dans le cas de fortes pentes (plus de 20°) et de hautes altitudes (plus de 1500 mètres).
Un mode de gestion irrégulier peut donc contrecarrer en partie les effets des perturbations naturelles dans les forêts d’Europe centrale, mais les conditions locales doivent être finement étudiées et prises en compte pour adapter au mieux les forêts aux changements climatiques.