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La revue de presse mensuelle et gratuite sur la forêt et la nature

Des chercheurs allemands se sont intéressés à la concurrence existante entre les jeunes semis de chêne sessile, de hêtre, de charme et la ronce. La croissance des plantes étant fondamentalement déterminée par la photosynthèse, la dynamique de la concurrence entre les espèces est influencée par leur capacité à s’adapter à des conditions lumineuses variables grâce à leur plasticité morphologique et physiologique.

Les chercheurs ont donc mesuré une série de variables pouvant indiquer la performance ou le potentiel de croissance de 60 semis de 12 ans des trois essences concernées et de plusieurs plants de ronce le long d’un gradient d’ouverture de la canopée reflétant le rayonnement solaire disponible. Ces variables comprenaient : des caractéristiques foliaires clés, y compris la surface foliaire spécifique et la teneur en azote des feuilles ; différentes mesures de la photosynthèse sous une lumière constante ou fluctuante ; et la longueur annuelle des pousses, la hauteur totale et le diamètre du collet.

Quelques résultats :

  • Pour le chêne et le hêtre, l’activité photosynthétique et la croissance des plants augmentent vraiment dans les plages de rayonnement comprises entre 1-20 % et 50-70 % (elle est continue chez le charme et la ronce).
  • Les simulations de panne de lumière suggèrent que les feuilles de chêne sont mieux adaptées à une exposition prolongée à la lumière qu’à une lumière fluctuante.
  • En exposition prolongée et à des niveaux de rayonnement supérieurs à 60 %, le chêne montre une performance photosynthétique plus élevée que le hêtre et le charme (la croissance reste comparable en diamètre et en hauteur).

 

Conseil de gestion : pour favoriser la régénération du chêne en concurrence avec le hêtre et le charme, et pour réduire les coûts d’intervention sur la végétation, les chercheurs recommandent d’assurer un niveau de rayonnement solaire de plus de 60 % après la phase d’établissement initial, lorsque les semis de chêne ont atteint une hauteur d’environ 80 cm.

Les 19ᵉ Rencontres Filières Bois 2025 se sont déroulées le 15 avril dernier. Elles ont rassemblé le secteur autour du thème : « La filière bois à la croisée des forêts. La forêt évolue, la filière s’adapte ».

Sous l’effet du changement climatique, la composition de la forêt évolue, favorisant une diversification des essences. Un phénomène naturel, mais aussi le fruit de choix stratégiques susceptibles de complexifier la gestion et la valorisation des ressources.

Lors de ces Rencontres les participants ont échangé sur les impacts concrets de ces transformations : l’évolution des peuplements forestiers, les défis économiques de la sylviculture mélangée et l’adaptation des entreprises du secteur. La sylviculture mélangée est-elle une opportunité économique ou un défi supplémentaire ? Quelles stratégies pour les entreprises face à ces évolutions ? Autant d’enjeux-clés qui façonnent dès aujourd’hui l’avenir de la filière.

Les présentations sont disponibles en ligne.

Les formateurs de Forêt.Nature ont accueilli une demi-journée de mai les étudiants du lycée agricole de Mesnières-en-Bray (Normandie). Ces étudiants en BTS gestion forestière ont pu s’exercer sur le marteloscope d’Haugimont (contexte feuillus mélangés). Cette aire d’exercice permet de tester son coup de marteau lors d’une éclaircie fictive. Toutes les caractéristiques des arbres du peuplement sont encodées dans un programme informatique qui permet d’analyser le type de prélèvement effectué par les participants (volume prélevé, catégories, surface terrière…).

Ce dispositif de formation a été installé dans le contexte du Plan quinquennal de recherches et vulgarisation forestières qui lie l’ULiège, UCLouvain, CRAW et Forêt.Nature pour mettre à disposition des gestionnaires publics les résultats de la recherche.

Dans le cadre du projet FraxForFuture, six équipes de recherche allemandes ont travaillé ensemble pour tenter de sauver les frênes de la chalarose qui sévit en Europe depuis les années ‘90. Bonne nouvelle : certains frênes européens montrent une résistance naturelle au champignon. Le projet, terminé en 2024, donne de l’espoir quant à la conservation de cette espèce menacée.

Plusieurs méthodes non chimiques ont été testées pour lutter contre le champignon :

  • « Amorce ».: Prétraitement des jeunes frênes avec des micro-organismes bénéfiques ou des versions affaiblies du champignon.
  • Optimisation du microbiome. Inoculation des semis avec des bactéries ou champignons protecteurs issus d’arbres sains.
  • Hypovirulence. Utilisation de virus qui affaiblissent le champignon en inhibant sa croissance.
  • RNAi (interférence par ARN). Pulvérisation de substances naturelles qui désactivent les gènes essentiels du champignon.
  • Bactéries antagonistes. Bactéries prélevées sur des frênes sains capables d’inhiber la croissance du champignon.

 

Le projet a aussi abouti à des aides concrètes :

  • Formations spécialisées
  • Outils d’évaluation des symptômes (clé d’identification)
  • Guide pratique : « L’avenir du frêne » avec recommandations pour la gestion des peuplements atteints

Un nouvel antibiotique a été découvert cette année en analysant des échantillons de terre. Cette découverte donne de l’espoir pour traiter les infections bactériennes maintenant résistantes aux anciens antibiotiques. Un antibiotique est composé de « molécules issues de substances par lesquelles les microbes se font la guerre. Grâce aux antibiotiques, ils éliminent leurs compétiteurs et c’est pour cette raison qu’ils les produisent. Nous ne faisons que les copier… », explique Marc-André Selosse.

Problème, nous connaissons mal les microbes, notamment ceux du sol qui en est gorgé. Pour référence, un gramme de sol contient plusieurs milliers d’espèces de bactéries et un millier d’espèces de champignons. Et une partie d’entre eux représente une fabuleuse réserve de molécules curatives à découvrir ou développer. Les microbes sont également un moyen de protéger et préserver les végétaux et donc nos productions agricoles.

Le déclin massif du hêtre commun au cours des dernières décennies en Europe a été principalement attribué à l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des sécheresses. Cependant, on ne sait pas comment les conditions locales (structure de peuplement, micro-climat, pédologie, topographie, etc.) influencent ce déclin des arbres.

Une étude française s’est penchée sur cette question en prédisant par modélisation le dépérissement des hêtraies selon les conditions environnementales. Cette étude montre que ce sont en effet les facteurs climatiques qui expliquent la majeure partie du dépérissement des peuplements, et en particulier la variabilité d’une année à l’autre de la température maximale et du déficit hydrique.

Les résultats confirment donc la grande sensibilité du hêtre aux températures élevées et à la sécheresse. Cependant, d’autres éléments, comme les propriétés du sol, notamment la capacité hydrique disponible, la topographie mais aussi des paramètres dendrométriques (structure et composition des peuplements) influencent le risque de dépérissement du hêtre. Par exemple, l’étude montre que la sensibilité du hêtre à la sécheresse est plus faible en mélange que dans les peuplements monospécifiques. En effet, le mélange peut avoir un effet favorable sur la santé du hêtre, en particulier dans la zone influencée par un climat méditerranéen. Ces résultats, quoique partiels, restent précieux pour les gestionnaires forestiers, qui peuvent prévoir quels peuplements risquent de décliner dans les conditions climatiques futures et mettre en œuvre des actions sylvicoles préventives adaptées aux conditions locales du site.

Les forêts urbaines et périurbaines de la capitale croate sont de véritables laboratoires vivants où la tradition, l’innovation et l’intérêt public se rencontrent.

Forestiers et scientifiques y étudient comment la forêt se régénère après des perturbations, comment y protéger la biodiversité, comment surveiller les massifs au moyen de technologies innovantes ou comment les approches locales peuvent contribuer à des solutions globales. Le dénominateur commun à tous ces sites : une vision globale centrée sur l’homme, dont le fil conducteur est l’intérêt de la communauté. Ici, les préoccupations des habitants et les enjeux liés à la fréquentation du public sont pleinement pris en compte par les gestionnaires forestiers. Des exemples à suivre pour inspirer la gestion forestière en 2025 ?

Dans le très fréquenté parc Maksimir, au cœur de Zagreb, une collaboration accrue entre gestionnaires forestiers et personnes chargées de la conservation de la nature est mise en place, notamment pour la gestion du bois mort. Certains des plus vieux arbres connus de la ville y trouvent refuge, avec une biodiversité importante de plus de mille espèces recensées à ce jour, dont des pics rares.

Sur les pentes abruptes du parc naturel de Medvednica, au nord de la ville, la régénération naturelle, souvent dominée par le hêtre, pose question dans le contexte des changements climatiques. Toutefois, les forestiers locaux privilégient à ce stade l’observation et la surveillance plutôt qu’une intervention précoce. Dans les zones protégées très fréquentées du parc naturel, une gestion intégrative est mise en œuvre afin de concilier les enjeux de préservation écologique et de fréquentation du public.

Pour aller encore plus loin dans l’atteinte de cet équilibre crucial, le balayage laser terrestre (Terrestrial Laser Scanning, TLS) est utilisé dans certaines régions, comme la forêt urbaine de Dotrščina. À l’aide d’appareils fixes et portables, les données de structure et de densité des arbres peuvent être mesurées avec précision et éclairent les gestionnaires sur les décisions à prendre en matière d’éclaircies, de plantations et de gestion des loisirs. Le soutien financier de la ville de Zagreb depuis des décennies, notamment, permet à ces technologies innovantes d’être aujourd’hui florissantes !

Un satellite d’un nouveau genre a été déployé en avril dernier depuis le port spatial de Kourou, en Guyane. Son nom : Biomass. Son objectif : mesurer la biomasse forestière pour consolider les hypothèses sur le puit de carbone que les forêts représentent.

Trois types de données vont être enregistrées: la biomasse contenue dans les troncs et les branches, la hauteur estimée des peuplements ainsi que le suivi des perturbations.

Ce qui est inédit avec ce satellite, c’est le degré de précision consacré à ce suivi forestier, notamment grâce à un nouvel instrument (le système P-Band SAR) capable de pénétrer le couvert forestier jusqu’à 40 mètres de profondeur. Cette collecte de données devrait durer au moins 5 ans.

Dans le contexte des changements climatiques, il est attendu que les perturbations naturelles, notamment celles dues au vent et aux pullulations de scolytes, s’intensifient dans le futur. Quelles stratégies de gestion peuvent être mises en place pour en atténuer les effets ? En Europe centrale, la gestion vers des forêts irrégulières a été proposée comme mesure pour réduire le risque de perturbations. Est-ce une décision concluante ?

Pour répondre à cette question cruciale, une étude a été menée sur différents sites autrichiens, dont l’objectif était précisément d’évaluer les différences dans le régime de perturbations entre des forêts de conifères irrégulières et équiennes pendant la période 1986 à 2020. Ces sites brassent un large éventail de conditions environnementales et le traitement irrégulier y est pratiqué depuis plusieurs décennies. Les forêts équiennes choisies pour l’étude se situent à proximité des forêts mélangées, et les scientifiques ont veillé à ce que les conditions environnementales y soient comparables.

Les principaux résultats indiquent que dans les forêts irrégulières, les taux de perturbation sont en moyenne 31,3 % plus faibles. Le retour d’une perturbation y est 36,3 % moins fréquent, et la surface maximale affectée est en moyenne 15,7 % moins grande par rapport aux forêts équiennes à proximité. En revanche, la proportion de perturbations de forte intensité n’est que très faiblement inférieure (3,8 %) dans les forêts irrégulières par rapport aux forêts régulières. Il est également à noter que la topographie du lieu exerce une forte influence : en effet, même si les forêts irrégulières ont globalement des taux de perturbation moindres, ceux-ci sont plus importants que les forêts équiennes dans le cas de fortes pentes (plus de 20°) et de hautes altitudes (plus de 1500 mètres).

Un mode de gestion irrégulier peut donc contrecarrer en partie les effets des perturbations naturelles dans les forêts d’Europe centrale, mais les conditions locales doivent être finement étudiées et prises en compte pour adapter au mieux les forêts aux changements climatiques.

Une étude récente, menée par une équipe internationale incluant l’Université de Fribourg, révèle que la diversité des espèces d’arbres dans les forêts joue un rôle crucial dans la régulation des températures extrêmes. L’étude s’appuie sur le projet BEF-China, le plus grand dispositif expérimental mondial sur la diversité des arbres, situé dans le sud de la Chine. Des centaines de milliers d’arbres y ont été plantés dans des parcelles contenant de 1 à 24 espèces différentes, permettant d’analyser l’impact de la diversité sur le microclimat forestier sur une période de 6 ans.

Les principaux enseignements de l’étude sont :

  • Atténuation des pics de chaleur. Une capacité de refroidissement allant jusqu’à 4,4 °C a été démontrée pour les forêts composées de 24 essences par rapport aux monocultures pendant les périodes de forte chaleur estivale.
  • Isolation contre le froid. Les forêts diversifiées conservent également mieux la chaleur durant les nuits froides et l’hiver, offrant une protection accrue contre les températures basses.
  • Rôle de la structure forestière. La densité du feuillage et la diversité structurelle améliorent la capacité des forêts à stabiliser le microclimat en réduisant les échanges d’air avec l’extérieur.

 

Ces résultats suggèrent que favoriser la diversité des essences peut renforcer la résistance des forêts face aux extrêmes climatiques. Cela a des implications importantes pour les initiatives de reforestation et la conception des forêts urbaines, notamment en Europe, où les vagues de chaleur deviennent plus fréquentes.