Manion distingue trois familles de facteurs s’enchaînant dans une spirale qui conduit progressivement l’arbre vers la mort : les facteurs prédisposants (génétique, sylviculture, station, âge…), les facteurs incitants (climat, pollution, parasite…) et les facteurs contribuants (insectes, champignon, maladie…). Pour le sylviculteur, les facteurs prédisposants sont les plus importants car c’est sur eux qu’il a la possibilité d’agir pour cultiver ses chênes et les prémunir contre les facteurs incitants et contribuants. L’étude a porté sur 230 arbres dominants ( 113 sessiles et 117 pédonculés) répartis au sein de 68 placettes situées en Condroz et en Ardenne. L’analyse a consisté à mettre en relation, par la voie statistique, la cote de dépérissement avec de nombreuses variables écologiques et sylvicoles, sur trois jeux de données : l’ensemble des deux chênes (230 arbres), les pédonculés (117 arbres) et les sessiles (113 arbres). On en retire deux enseignements principaux. Le premier est que la moitié de la variabilité du niveau de dépérissement est expliquée à partir des facteurs prédisposants pris en compte, laissant le reste de la variabilité aux facteurs non pris en compte. Le second enseignement est que les variables stationnelles sont les plus explicatives tandis que les variables sylvicoles sont en relation peu nette avec le niveau de dépérissement. Les variables stationnelles interagissent souvent entre elles. L’étude a porté sur le bilan hydrique (humidité), le bilan trophique (humus) et l’altitude. Les résultats sont éloquents : le niveau de dépérissement est plus élevé en altitude ; le dépérissement est moins marqué dans les sols bien frais en permanence ; le niveau de dépérissement (surtout pour le chêne sessile) diminue des sols pauvres vers les sols à bonne fertilité chimique. En moyenne, le dépérissement du chêne est faible sur les stations qui correspondent à son aptitude sylvicole optimale et est le plus élevé dans les stations dont il devrait être exclu. L’influence des variables sylvicoles est quant à elle moins nette : les chênes semblent moins atteints en peuplement mélangé ; les chênes semblent plus dépérissants en peuplement dense ; les arbres dominants semblent les moins dépérissants. Ces résultats, peu marqués, s’accordent néanmoins avec d’autres arguments en faveur de l’application d’une sylviculture plus dynamique, avec des densités de peuplement peu élevées et des éclaircies limitant la concurrence. En conclusion, l’analyse confirme clairement l’importance de deux facteurs prédisposant le chêne au dépérissement et sur lesquels les actions du sylviculteur peuvent avoir de l’influence : l’adéquation essence-station et, dans une moindre mesure, la sylviculture.