L’un des impacts majeurs des changements climatiques est la désynchronisation entre la phénologie des organismes à différents niveaux de la chaîne alimentaire. Si les espèces ne s’adaptent pas, le moment du pic de disponibilité des ressources peut ne pas correspondre au moment du pic des dépenses énergétiques. De nombreuses espèces d’oiseaux ont fait preuve d’une grande adaptabilité face aux changements récents en avançant leur date de ponte pour la faire coïncider avec une précocité printanière toujours plus marquée. Chez les mammifères, ces questions commencent également à être étudiées. Afin de suivre la disponibilité des ressources nécessaires au développement de leurs populations, les grands herbivores, tels que le chevreuil, devraient également modifier progressivement leur cycle biologique en réponse à une apparition plus précoce de la végétation. Des chercheurs français se sont intéressés à cette problématique. Malgré des changements climatiques avérés, ils n’ont observé aucune modification du calendrier des dates de naissance des chevreuils sur la période des vingt-sept années de l’étude. Cette incapacité à s’adapter aux modifications de l’environnement a donné lieu à une inadéquation entre l’alimentation des mères et la date de naissance de leurs petits, qui à son tour, a provoqué une diminution de la survie des jeunes et une réduction de la santé des chevreuils. Les auteurs de l’article suggèrent que l’adaptation de la période de naissance chez le chevreuil n’a pas eu lieu parce que, pour cette espèce, la reproduction est déclenchée par la longueur du jour plutôt que par la disponibilité des ressources. [D.A.]