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Forêt.Nature n°129

Comment nos principales essences réagissent-elles à la sécheresse ?

Tanguy Manise, Caroline Vincke

Le contexte des changements climatiques induit une modification du cycle de l’eau, en particulier une augmentation de la fréquence et de l’intensité des sécheresses estivales. Il est dès lors crucial de mieux connaître la vulnérabilité des essences aux contraintes hydriques car leurs effets directs et cumulés sur le long terme peuvent être à l’origine de dépérissement et de mortalité. Cette étude a évalué, pour la période 1970-2010, la vulnérabilité au stress hydrique des quatre essences les plus représentées en Wallonie (chênes, hêtre, épicéa et douglas). Les résultats montrent que les sites feuillus présentent un indice de stress moyen plus élevé que les sites résineux. Les années pour lesquelles l’indice de stress moyen pour tous les peuplements est le plus élevé sont 1976 et 2003. L’étude dendrochronologique de la croissance radiale a mis en évidence les éléments suivants: sur les quarante dernières années, seule une année (1976) a été défavorable l’année même pour la majorité des sites étudiés ; les feuillus, et surtout les hêtraies, présentent des pertes de croissance en cas d’année stressante (quel que soit le stress) beaucoup plus importantes que les résineux. Par ailleurs, la sensibilité au climat (la réponse de l’accroissement radial aux conditions climatiques) est beaucoup plus importante pour les peuplements feuillus. Pour le hêtre, cette sensibilité augmente de manière constante depuis 40 ans ; un synchronisme de la dynamique de croissance des différents peuplements d’une même espèce est observé pour les chênes, les hêtres et les épicéas ; il débute à des périodes variables selon l’espèce. Ce phénomène particulier suggère une augmentation de la réactivité des arbres vis-à-vis du climat, quel que soit le site sur lequel ils sont implantés ; la réserve en eau utile maximale du sol a une influence déterminante sur la croissance radiale de toutes les espèces étudiées : les arbres présents sur des sols à faible réserve en eau ont été les plus affectés et les plus sensibles au climat depuis 1970. Sur base de ces constats, il est plus que jamais nécessaire de veiller à l’adéquation essence-station sur base climatique mais aussi sur les critères qui favorisent une bonne prospection racinaire, tout en menant une sylviculture favorisant une recharge optimale en eau des sols forestiers. [C.H.]

Manise T., Vincke C.[2014]. Impact du climat et des déficits hydriques stationnels sur la croissance radiale du hêtre, du chêne de l’épicéa et du douglas en Wallonie. Forêt Wallonne 123: 48-57 (10p., 7fig., 1tab., 11réf.).