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La chalarose mène la vie dure au frêne

En 2017, une étude a été menée dans le Nord-Est de la France afin de comprendre l’impact de la chalarose sur la croissance radiale de cette essence ainsi que sur sa résistance face aux conditions climatiques. Pour ce faire, 9 peuplements purs comprenant 181 arbres adultes dont la moyenne d’âge et de taille du diamètre sont respectivement de 100 ans et de 50 cm ont été étudiés. Les stations choisies possèdent des conditions sylvicoles et écologiques optimales pour le développement du frêne, tant au niveau du sol que sur les réserves en eau. Les recherches sont menées par rapport à 5 niveaux de défoliation différents. Les résultats indiquent que la croissance radiale moyenne sur la période de 1920 à 2017 est de 2,3 mm par an. Pour une défoliation inférieure à 25%, la croissance est estimée stable entre 2 et 2,5 mm par an après 2010. En ce qui concerne les autres catégories (>25%), la croissance a diminué avec la foliation. Les arbres présentant un niveau de défoliation de plus de 75% marquaient une croissance radiale d’environ 1 mm par an.
Une autre constatation montre que les arbres possédant une défoliation supérieure à 25% en 2017, présentaient une croissance plus faible depuis les années 1990 et de manière systématique dès 2003. Il est a noter que les régions étudiées ont dû faire face à des conditions climatiques relativement sèches durant ces périodes. De ce constat, une hypothèse peut être avancée : les arbres affaiblis par un stress hydrique sont plus sensibles au pathogène. Les variations de croissance des frênaies peuvent être expliquées en partie par les modèles climatiques. Les arbres arborant un taux de défoliation très élevé sont exclus de cette hypothèse car ces derniers ont toujours été plus sensibles aux conditions climatiques. Les stations dans le Nord de la France, dans lesquelles une bonne croissance a été constatée, correspondent à des stations où les automnes étaient pluvieux, les hivers étaient doux avec une pluviométrie élevée ainsi qu’un mois de mai, période déterminante pour la croissance, chaud et bien arrosé.
Cette étude a permis de montrer la réactivité des frênes face aux conditions climatiques. La chalarose affecte particulièrement les arbres affaiblis par une succession d’épisodes de sécheresse. Dans les cas les plus extrêmes, la mortalité de l’arbre peut survenir une dizaine d’années après l’infection. À l’avenir, la gestion des frênaies deviendra plus complexe de par la récurrence des sécheresses et les variabilités climatiques malgré que les frênes adultes peuvent tolérer un certain niveau de défoliation.
Lebourgeois F., Lorentz S., Cousseau G., Fenaux L. (2019). Effets de la chalarose (hymenoscyphus fraxineus) sur la croissance radiale du Frêne et sur son déterminisme climatique dans le nord de la France. Revue forestière française 71(3) : 225-248.

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