Après s’être accru durant plusieurs décennies, notamment suite au recul de l’agriculture au profit des surfaces boisées, le puit de carbone forestier français se tarit depuis les années 2010 en raison de la hausse de la mortalité des arbres (sécheresses, incendies, maladies, hausse des prélèvements) et d’un ralentissement de leur croissance. À titre de comparaison, les forêts françaises ont absorbé en 2020 la moitié de ce qu’elles absorbaient en 2008. Ce phénomène, à propos duquel les scientifiques tirent la sonnette d’alarme depuis des années, commence à inquiéter la sphère publique.
En juin dernier, l’Académie des sciences a publié un rapport traitant des menaces pesant sur le puits de carbone forestier, mises en perspective avec la stratégie nationale bas-carbone (SNBC). Elle appelle à une révision urgente de celle-ci au risque de ne pas voir ses objectifs tenus. L’institution critique notamment le scénario « intensification » de la stratégie qui vise une hausse de 70 % des coupes de bois d’ici 2035, ce qui aurait pour effet de faire décroître le puits de carbone total dans les années à venir, en raison des émissions liées à l’exploitation et la transformation, même en tenant compte de l’effet de substitution.
L’Institut Économique pour le Climat et les associations Fern et Canopée avaient déjà soulevé ce risque lié à une intensification des récoltes de bois. Une mauvaise estimation du puits de carbone forestier peut mener à des erreurs de choix politiques. L’Académie des sciences met aussi en avant l’impact des coupes rases sur le puits de carbone et préconise une sylviculture à couvert continu, des densités de peuplement ajustées aux conditions hydriques ou encore la prise en compte de la résistance au feu des essences d’arbres et plaide pour les produits à longue durée de vie.