Depuis quelques décennies, la sylviculture en Europe tend de plus en plus vers une prise en compte des dynamiques naturelles. L’évolution naturelle en chênaie-hêtraie mène souvent à la formation de peuplements monospécifiques de hêtres, le chêne étant généralement confiné sur les sites avec des conditions de croissance plus pauvres. Néanmoins, le hêtre est plus sensible que le chêne aux sécheresses et hausses de températures.
Dans cette étude, on évalue dans quelle mesure le changement climatique pourrait atténuer la domination du hêtre et améliorer la compétitivité du chêne au sein d’une vieille forêt tempérée située dans le Nord de l’Espagne. Les chercheurs ont utilisé une approche dendrochronologique pour reconstruire la capacité compétitive du hêtre et du chêne et développer une projection pour le 21e siècle basé sur des prévisions de changement climatique à travers trois scénarios différents.
Le hêtre est l’espèce dominante dans la forêt étudiée, où le régime de perturbations a favorisé le remplacement du chêne par le hêtre. En général, les chênes sont plus vieux que les hêtres et la plupart des jeunes arbres sont des hêtres. Les résultats ont mis en évidence que ce processus de substitution peut s’affaiblir en raison de la vulnérabilité du hêtre à des conditions plus chaudes et plus sèches.
Le changement climatique devrait bénéficier à la croissance du chêne au détriment du hêtre au long du 21e siècle, comme c’est déjà observé depuis les années 60’. Cependant, la dynamique végétative bénéficie au hêtre, qui a une tolérance plus grande à l’ombrage. C’est pourquoi, si la résilience de l’écosystème doit être augmentée, les stratégies de gestion favorisant la régénération du chêne sont nécessaires étant donné la meilleure adaptation du chêne au changement climatique.
Rubio-Cuadradoa A., Camarero J., del Río M., Sánchez-González M., Ruiz-Peinado R., Bravo-Oviedo A., Gila L., Montes F. (2018). Drought modifies tree competitiveness in an oak-beech temperate forest. Forest Ecology and Management, n°429. Doi : 10.1016/j.foreco.2018.06.035.