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Free monthly press review on forests and nature

Suite aux résultats de l’étude de l’ULiège montrant que 76 % des Wallons souhaitent davantage de forêts protégées en libre évolution (voir ici), NTF (l’association des Propriétaires Ruraux de Wallonie), a réagi dans une carte blanche publiée dans La Libre du 14 mai dernier.

NTF y défend l’importance d’une gestion forestière active face à la montée de l’idée de libre évolution des forêts. Il critique une opposition simpliste entre non-intervention et exploitation, estimant que cela occulte la réalité complexe des forêts, à la fois écologique, économique et sociale.

L’auteur souligne que plus de la moitié des forêts wallonnes sont privées, souvent exploitées de manière raisonnée par de petits propriétaires qui en tirent des revenus indispensables. Il déplore que beaucoup de partisans de la libre évolution soient déconnectés du terrain. Selon lui, la biodiversité des forêts anciennes est souvent le fruit d’une gestion humaine équilibrée, et non de l’absence d’intervention.

Il insiste enfin sur le rôle vital de la filière bois, qui emploie 20 000 personnes en Wallonie, et s’inquiète d’une baisse des volumes exploitables qui mettrait en danger cette économie locale. Pour lui, des certifications forestières prouvent qu’exploitation et préservation peuvent aller de pair.

En conclusion, il appelle à une vision pragmatique de la forêt, adaptée à chaque contexte, plutôt qu’à une généralisation dogmatique de la libre évolution.

Puzzling Biodiversity est un projet de développement méthodologique dont l’objectif est d’associer des gains de biodiversité attendus et des pratiques favorables à la biodiversité dans certains socio-écosystèmes. Dans le cas des forêts exploitées, l’idée est de comparer une liste de 16 pratiques de gestion sylvicole favorables à la biodiversité les unes par rapport aux autres. La liste des pratiques a été rédigée par les gestionnaires de terrain et celles-ci sont évaluées, en ligne, par des experts de la biodiversité.

L’expérience se déroule en cinq étapes dont les trois premières sont ordonnées et obligatoires. Pour chacune des 16 pratiques de gestion, 5 à 6 niveaux cumulatifs sont proposés, selon leur engagement en faveur de la biodiversité. Pratique par pratique, l’objectif est d’abord de hiérarchiser ces niveaux en fonction du gain de biodiversité attendu. Les niveaux sont ainsi repositionnés par le participant, afin que leurs écarts représentent la différence relative entre les gains de biodiversité attendus. Ensuite, chaque pratique est considérée à son niveau maximum et l’ensemble des pratiques est classé selon leur gain de biodiversité attendu. Enfin, le gain de biodiversité de la moins bonne pratique est ajusté par rapport à la meilleure.

Deux étapes supplémentaires non obligatoires sont ensuite proposées au participant, qui constituent une réelle valeur ajoutée à la méthode. D’une part, elles permettent de mieux appréhender les combinaisons entre pratiques (lorsqu’une pratique est mise en œuvre, son gain attendu peut être amélioré ou réduit par la présence d’une autre pratique). D’autre part, ces dernières étapes permettent d’évaluer l’effet de certaines caractéristiques du milieu d’implantation sur le gain de biodiversité attendu (par exemple, dans le cas des zones humides : l’humidité ou la sécheresse du sol, le pH du sol, et l’ouverture ou la fermeture du paysage dans un rayon de 5 km).

Le 17 juin dernier, Gaëtan du Bus de Warnaffe a exposé, lors d’une conférence organisée par Forêt.Nature, quelques pistes dont les gestionnaires forestiers disposent pour faire face au changement climatique. La peur peut parfois nous paralyser ou au contraire nous pousser à une hyper-activité incompatible avec le rythme des forêts. Plusieurs pistes techniques et de réflexion ont été présentées.

La conférence, organisée et financée par Forêt.Nature, est disponible en replay sur foretnature.be.

Les feux de forêts sont de plus en plus fréquents et les terrains sont souvent peu ou pas accessibles par les services d’intervention des pompiers.

Niko Linden, expert en intervention sur matières dangereuses ou feux de végétation, a donc eu l’idée d’équiper un tracteur avec une pompe et une citerne. L’équipement du tracteur, simple, peu coûteux et adaptable à la plupart des tracteurs agricoles ou forestiers permettrait à de nombreux acteurs ruraux d’intervenir en préventif ou dans les premiers instants des urgences en attendant les renforts. Si besoin, le tracteur pourrait atteindre des zones où les véhicules traditionnels n’arrivent pas.

Cette étude nord-américaine a testé les effets de la récolte de l’arbre entier, de la récolte du tronc seul et de l’absence de récolte sur les réservoirs de carbone d’une forêt d’épicéas et de sapins dans le Maine, aux États-Unis. La zone d’étude est composée de deux bassins versants adjacents présentant des conditions de site, une composition d’espèces et un historique de perturbations similaires.

La récolte a été effectuée sur un bassin versant en 1981. L’autre a été laissé comme référence « non coupé » en phase de succession avancée. Le travail sur le terrain s’est déroulé à plusieurs reprises entre 1979 et 2016, sur 22 à 31 parcelles.

Trente-cinq ans après la récolte :

  • Le réservoir moyen de carbone de la biomasse vivante était significativement plus faible pour la récolte des arbres entiers que pour celle des troncs seuls sur les sols mal drainés, sans différence significative sur les sols moyennement à modérément bien drainés, et sans différence significative pour le bois mort, le sol forestier et le carbone du sol minéral.
  • Lorsque l’on inclut la biomasse vivante au-dessus des souches avant la récolte et le carbone du sol forestier, le réservoir de carbone du bois mort était significativement plus petit après la récolte des arbres entiers qu’après celle des troncs seuls, tout comme le carbone du sol forestier sur les sols mal drainés, mais pas sur les sols moyennement à modérément bien drainés.
  • En 2016, les réservoirs de carbone de la biomasse vivante, du bois mort et du sol forestier sur le bassin versant exploité ont retrouvé 62 à 67 %, 38 à 39 % et 55 à 64 % des réservoirs de carbone correspondants pour l’absence de récolte, tandis que le réservoir de carbone du sol minéral représentait 115 à 124 % de celui de l’absence de récolte.

 

L’interprétation de la récupération du carbone est sensible à la référence. La récolte a laissé une empreinte à long terme sur le paysage, le carbone de la biomasse vivante suivant une trajectoire de récupération rapide, tandis que les réservoirs de carbone de la matière organique morte se rétablissent à un rythme plus lent.

Le Royaume-Uni a pour projet de planter 20 millions d’arbres pour créer une « nouvelle forêt nationale » dans l’Ouest du territoire. Si ce pays très peu forestier et dont la nature a été grandement épuisée a, en effet, besoin de plus d’arbres, il convient toutefois de ne pas simplifier le processus sans prêter attention aux détails. Ainsi, le but n’est pas de générer uniquement une forêt dense mais une mosaïque diversifiée de milieux, incluant des forêts avec leurs clairières, des vergers, des pâtures et des haies.

Le « futur idéal » au Royaume-Uni se composerait ainsi de forêts plus étendues et diversifiées dans le paysage, pour limiter l’effet de lisière et préserver le microclimat forestier. Une diversité en essences, la plupart indigènes, aidera également ces forêts à s’adapter au changement climatique. Pour ce faire :

  • Une planification et une gestion adéquate des massifs sont requises, de même qu’une analyse du terrain à large échelle, préalablement aux travaux envisagés (habitats en présence, type de sol, densité de la faune sauvage, etc.).
  • Les outils numériques servent d’aide aux planificateurs car ils permettent de modéliser une combinaison de caractéristiques, notamment foncières et climatiques, et d’identifier les meilleures conditions de plantation à mesure que le climat change.
  • Outre la plantation, il convient également de soutenir les vieux arbres existants plutôt que de les remplacer. Ainsi, de nouvelles forêts pourraient servir de zone tampon pour protéger les vieux peuplements des effets de lisière, ou permettre d’établir une connexion entre des massifs fragmentés ou des arbres isolés dans la matrice paysagère.
  • Dans ce « futur idéal », le contrôle des densités d’ongulés sauvages est un point d’attention important. Une solution prometteuse à ce sujet consiste à planter dans de petites parcelles, au sein desquelles des arbres d’essences diversifiées sont installés et protégés dans les premières années. Un équilibre est donc à trouver avec cette faune sauvage qui, gérée correctement, participe aussi à la dynamique forestière en créant des clairières par le broutage.
  • Enfin, une implication des populations locales permettra aux Britanniques de mieux comprendre et apprécier l’évolution de leur environnement.

Il fut un temps où les forêts en Allemagne étaient dominées par des épicéas, et ceux-ci ont constitué l’épine dorsale de l’économie de certaines régions pendant des décennies. Mais avec les effets du changement climatique, de la sécheresse et des infestations de scolytes, environ 60 % des épicéas ont disparu. Aujourd’hui, les forestiers aident la nature à écrire une nouvelle histoire, dans laquelle les hêtres, les chênes et les charmes occupent le devant de la scène. C’était le thème d’un atelier de travail récent du projet SUPERB en Rhénanie-du-Nord-Westphalie.

Plusieurs questions ont été débattues. Pour reconstituer les zones touchées, est-ce la plantation et la protection des plants qui constituent l’unique solution ? La restauration des zones Natura 2000 est également un défi, en raison de la rigidité des objectifs de conservation, alors que les forêts sont dynamiques et les écosystèmes évoluent en fonction des conditions climatiques.

Cet événement a démontré que les forestiers ont souvent besoin de nouvelles connaissances, d’un approvisionnement suffisant en plants et d’un soutien pour gérer les herbivores. De nombreuses initiatives de réflexion et de collaboration existent en Europe et montrent leurs fruits.

Les participants de l’atelier ont retenu trois leçons : apprendre du terrain, apprendre les uns des autres, et communiquer et collaborer ! Les gestionnaires forestiers peuvent avoir des points de vue différents, mais la plupart d’entre eux – ceux qu’appelle la « majorité silencieuse » – sont ouverts à la restauration des forêts. Ce qui compte, c’est d’amener tout le monde autour de la table, d’instaurer la confiance et de montrer ce qui est possible.

Le bouleau verruqueux est une essence de diversification de choix pour nos forêts. Longtemps boudé, il accompagne et précède nos régénérations forestières ou encore rebouche les trouées en cours de route. Ce pionnier omniprésent souffre d’une sylviculture quasi inexistante en Wallonie malgré une ressource largement disponible.

Cet article vulgarise une étude scientifique qui a notamment établi des courbes de productivité pour l’essence. C’est un pavé de plus sur la voie vers une sylviculture du bouleau non plus de niche et expérimentale mais éclairée et confirmée par la recherche.

Les quelques points-clefs sont :

  • La température annuelle moyenne et la réserve en eau du sol sont les deux facteurs principaux qui influencent conjointement sa croissance.
  • L’augmentation de température favorise la productivité tant que la disponibilité en eau est assurée.
  • Dans les décennies à venir, sans considérer les évènements climatiques extrêmes, la productivité pourrait augmenter et surtout en Haute-Ardenne.

IKEA lance un ambitieux projet de recherche en collaboration avec l’European Forest Institute (EFI) et l’ONG Preferred by Nature. L’objectif est de tester et d’améliorer des pratiques de gestion forestière responsable sur 16  000 hectares de forêts appartenant à IKEA en Lettonie, financé par Inter IKEA Group et Ingka Group.

Objectifs du projet :

  • Développer et diffuser des techniques de sylviculture proches de la nature, de gestion continue des couverts forestiers et d’autres pratiques.
  • Renforcer la résilience au changement climatique, améliorer la biodiversité et préserver les services écosystémiques.
  • Combiner connaissances scientifiques et techniques traditionnelles pour proposer des modèles reproductibles et adaptables à l’échelle européenne.

 

L’EFI apportera des bases scientifiques pour structurer la recherche et valider les pratiques envisagées. Preferred by Nature interviendra pour guider, certifier et intégrer les résultats via des labels, afin d’amplifier l’impact au-delà du seul périmètre d’IKEA.

France Nature Environnement, fédération des associations environnementales, publie « Forêt et changement climatique – Livre blanc pour une gestion différenciée ». Ce document de 36 pages a été initié à la demande de AXA France qui a vu plusieurs de ses hectares de forêts décimés par les scolytes. Ce déclencheur a permis d’attirer l’attention sur l’ensemble des risques à venir et sous-jacents du changement climatique.

Durant 3 ans, chercheurs, propriétaires, experts en recherche forestière, associations et universitaires se sont réunis régulièrement pour imaginer et expérimenter concrètement un meilleur schéma sylvicole pour reconstituer et préserver les forêts sur le temps long. La réflexion avait pour objectif d’anticiper une sylviculture appropriée au changement brutal de l’environnement et de permettre à la forêt de conserver une rentabilité durable.

Le sommaire se divise en trois parties :

  1. Diagnostic : les éléments à prendre en compte, l’organisation pratique et sa synthèse.
  2. Interventions : la non intervention, les coupes, les travaux sylvicoles et la plantation.
  3. Programmation et suivi.

 

La variété des points de vue et des expériences concrètes en forêt donne un résultat collectif, une démarche transposable et un engagement commun pour partager des solutions à adapter à chaque région, à chaque forêt spécifique.