En forêt, le volume et la composition chimique de la pluie changent lors du passage de celle-ci à travers la canopée. De plus, sa répartition au sol n’est pas régulière, elle est affectée par différents processus comme, par exemple, l’interception des gouttes par les feuilles ou l’écoulement de l’eau le long des troncs. Une même averse pourra donc donner lieu à des apports hydriques quantitativement et spatialement différents au niveau du sol et ce, suivant la composition spécifique du peuplement. Selon le type de feuillage, par exemple, la capacité de stockage par unité de surface de feuille peut être très différente. Ainsi, celle du chêne qui s’élève à 110 g d’eau par mètre carré de feuille est beaucoup plus élevée que celle du hêtre qui est de 64 g d’eau par mètre carré de feuille. Les caractéristiques des feuilles, branches et troncs influencent donc largement la quantité et la répartition des précipitations. Or, la façon dont l’eau des averses se distribue en forêt a une influence sur les caractéristiques du sol et sur la présence de certaines plantes herbacées. Parallèlement à la répartition des précipitations, cet article se penche également sur la composition chimique de la pluie. Il apparaît en effet que les apports en éléments nutritifs de la pluie sont indispensables au maintien de la fertilité des écosystèmes forestiers. Mais, outre des nutriments, la pluie contient aussi des composés acidifiants ayant un effet dommageable sur la végétation et la fertilité des sols forestiers. Il est dès lors important de connaître la composition chimique de la pluie et de comprendre les facteurs qui la modifient. En fait, la composition de l’eau de pluie est la résultante de deux séries de mécanismes. Il y a d’abord la condensation de l’eau, où certains éléments sont intégrés aux microgouttelettes qui composent les nuages. Ces nuages se chargent ensuite d’éléments présents dans l’atmosphère ou d’éléments résultant du contact des nuages avec certains gaz. Ensuite, vient le processus du lessivage atmosphérique : lorsque les gouttes de pluie tombent, elles capturent et dissolvent des gaz. En définitive, l’écosystème forestier est non seulement sous l’influence de la quantité et de la composition chimique des précipitations mais également sous l’influence de la répartition de ces dernières selon les caractéristiques de la canopée. Le gestionnaire forestier peut donc, même s’il n’a aucun pouvoir sur les caractéristiques stationnelles de sa forêt, influencer de manière non négligeable les processus conditionnant l’évolution de sa fertilité par un mode de sylviculture et un choix approprié des essences.