Les forêts sont les écosystèmes qui stockent le plus de carbone, peu importe le climat. Mais aujourd’hui, le rôle de puits de carbone qui leur est couramment attribué est fragilisé, certaines forêts émettant plus de CO₂ qu’elles n’en capturent. En Europe, ces dernières décennies, on constate en effet une diminution de la quantité de carbone stockée annuellement par les forêts tempérées. Cette réduction avoisine les 12 % entre 2000 et 2010. En cause, les sécheresses, tempêtes, maladies et ravageurs, qui ont entraîné une augmentation de la mortalité des arbres et une diminution de leur croissance. En France, les dernières données de l’inventaire forestier indiquent que sur la période 2014-2022, les forêts métropolitaines ont absorbé 39 millions de tonnes de CO₂ par an en moyenne, ce qui représente une diminution de 38 % par rapport à la période 2005-2013.
Les changements climatiques et les activités humaines engendrent une fréquence plus élevée des incendies forestiers. Or, ces derniers sont un facteur aggravant la dégradation de la fonction de puits de carbone des forêts. En effet, les feux causent des émissions massives de CO₂ et un changement dans la composition des forêts, qui mettent des décennies à se remettre de la perturbation (si elles s’en remettent). En forêt boréale, le stockage du carbone est ainsi en nette diminution depuis les années ‘90, plusieurs forêts russes ou canadiennes devenant même émettrices certaines années. De plus, les changements climatiques entraînent un dégel et un assèchement des sols sous ces latitudes, ce qui accélère encore la dégradation du carbone organique qu’ils contiennent. À l’échelle globale, une diminution de 30 % de l’absorption de carbone par les sols forestiers boréaux a ainsi été calculée entre 2000 et 2010.
À l’avenir, suite aux effets combinés des changements climatiques et des activités anthropiques, toutes les forêts sont susceptibles de devenir émettrices de carbone. Globalement, il est estimé que la quantité de carbone stockée chaque année par les forêts dans le monde a déjà diminué d’environ 30 % entre 1990 et 2010. Et cette tendance risque de se poursuivre. Pour endiguer ce déclin, la préservation des forêts existantes est cruciale, ce qui passe par le maintien du stock de carbone forestier et une gestion forestière adaptée en ce sens.