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Le mélange d’essence et son influence sur la physiologie du hêtre, variable selon un gradient de stress édaphique

Manipuler la composition des peuplements est un outil de gestion important que les forestiers peuvent utiliser pour orienter la nature des forêts et les processus écosystémiques. Dans les peuplements mélangés, les interactions interspécifiques, entre les arbres, peuvent avoir des impacts sur leur performance. Néanmoins, ces interactions sont dépendantes du contexte dans lequel elles ont lieu (hypothèse du gradient de stress : SGH). La présente étude a donc examiné comment le hêtre, au travers du comportement de ses feuilles est influencé par la composition des peuplements. Un peuplement de hêtre pur a été comparé avec 4 peuplements mixtes contenant de 1 à 3 espèces supplémentaires sur un gradient de stress édaphique croissant (gradient de capacité de rétention d’eau et profondeur d’enracinement).
Premièrement, il a été démontré que la composition des peuplements induit de fortes variations intra-spécifiques de comportements foliaires pour le hêtre notamment au niveau de la teneur en matière sèche, de la quantité de biomasse par hectare, des composés phénoliques, du pH et de la concentration en magnésium, suggérant une plus grande acquisition nutritionnelle en situation de mélange. Néanmoins, ces résultats sont modulés selon un gradient du stress édaphique.
Le mélange induit un avantage important dans les sites où le stress est le plus fort (luvisol et leptosol). Au contraire, le chêne en mélange avec le hêtre, sur des sites où le stress édaphique n’est pas si préoccupant (cambisol), a eu des effets négatifs inattendus comme indiqué par le résultat en termes de quantité de biomasse, de teneur en matière sèche et de composés phénoliques des feuilles de hêtre.
La composition des peuplements est un élément important et souvent négligé de la variabilité intra-spécifique de la qualité des feuilles et elle implique potentiellement des changements dans la physiologie et la productivité du hêtre. Les résultats suggèrent également que les interactions positives prévalent en conditions de stress. Une telle validation de l’hypothèse du gradient de stress est rare en forêt mature gérée ou naturelle.
Finalement, les auteurs recommandent que les gestionnaires forestiers prennent en considération le mélange d’essences ainsi que les facteurs abiotiques lors de la modélisation des accroissements afin d’améliorer leur prédiction de rendement.
Forey E., Langlois E., Lapa G., Korboulewsky N., Matthew Robson T., Aubert M. (2016). Tree species richness induces strong intraspecific variability of beech (Fagus sylvatica) leaf traits and alleviates edaphic stress. European Journal of Forest Research, DOI 10.1007/s10342-016-0966-7.

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