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La sélection d’espèces, un outil sylvicole pour régénérer une forêt dans un contexte de forte pression du gibier

Cerf de Virginie
Les anciennes mines, des milieux souvent très perturbés, sont des sites difficiles à revégétaliser à cause d’aspects chimiques et physiques limitants, mais également à cause de l’abroutissement sévère des jeunes plants par le gibier. Les essences forestières utilisent des stratégies différentes en termes d’allocations de leurs ressources qu’elles distribuent tantôt vers la production de composés de défense, tantôt vers leur croissance, pour résister aux stress biotique et abiotique après plantation. Néanmoins, l’influence de la nutrition et de la production de métabolites secondaires sur l’appétence par le gibier et la rémission après abroutissement ne sont pas vraiment bien compris entre et au sein des espèces.
L’étude a comparé les tannins foliaires et les éléments nutritifs en enclos (pour exclure l’impact du cerf de Virginie) et exclos sur le site d’une mine abandonnée dans le Sud-Ouest de l’Indiana, USA. Grâce à l’utilisation de fertilisants NPK (azote, phosphore et potassium), un gradient de disponibilité en nutriments a été créé pour les espèces plantées suivantes : Cerisier tardif, Chêne à gros fruits, Chêne blanc et Chêne rouge d’Amérique.
En enclos, les plants avaient une croissance supérieure à l’exclos ; la fertilisation a également permis d’augmenter la croissance de toutes les espèces sauf celle du chêne rouge, mais seulement sous enclos. La fertilisation a réduit la concentration en tannins foliaires pour le cerisier et pour le chêne blanc, mais n’a pas changé ni l’appétence, ni la reprise après abroutissement pour aucune des espèces. En exclos, le choix des plants par le gibier était uniquement guidé par la différence d’essence, selon lequel d’ailleurs, le cerisier était beaucoup plus apété que les différentes espèces de chêne. Cette réponse est probablement liée aux différents modes d’allocations des ressources par les différentes espèces : le cerisier priorise sa croissance structurelle et sa rémission (après aboutissement), contrairement aux chênes qui allouent leurs ressources à leur croissance et à la production de métabolites secondaires.
Alors que les protections gibiers grèvent lourdement les budgets de revégétalisation d’anciennes mines et carrières, la sélection d’espèces apparaît comme un outil sylvicole fondamental pour promouvoir le succès d’une régénération dans un contexte de forte pression du gibier.
Owen T. Burneya, Douglass F. Jacobs (2017). Species selection – A fundamental silvicultural tool to promote forest regeneration under high animal browsing pressure. Forest Ecology and Management 408. DOI : 10.1016/j.foreco.2017.10.037

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