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Free monthly press review on forests and nature

En Bavière, des forestiers utilisent des drones et l’intelligence artificielle (IA) pour évaluer et restaurer les forêts endommagées après la tempête Ronson de juillet 2023, qui a gravement touché la forêt privée d’Allmannshorn (400 ha).

L’usage de drones spécialisés, déjà utilisé dans les Alpes pour surveiller des forêts difficiles d’accès, est désormais appliqué à Allmannshorn. Ces drones collectent des images aériennes haute résolution, analysées par des logiciels d’IA capables d’identifier les hauteurs et types d’arbres. Cela permet d’optimiser la gestion forestière : repérer les zones à reconstituer, identifier les jeunes peuplements nécessitant des soins et conseiller individuellement les propriétaires.

Grâce à ces images précises et récentes, les experts peuvent aussi cartographier les zones où la desserte devrait être améliorée pour faciliter la gestion forestière. Selon le Dr. Stefan Friedrich (AELF Krumbach-Mindelheim), cette technologie offre une opportunité précieuse pour la reforestation et la transformation durable des forêts bavaroises.

La menace des feux de forêt en Belgique va s’intensifier et nous ne sommes pas suffisamment préparés. C’est ce qu’écrit le quotidien Le Soir sur base de différents travaux scientifiques, dont ceux du Centre d’analyse des risques climatiques (Cerac). Les changements climatiques, dont les sécheresses à répétition, augmentent les risques d’incendies en forêt et leurs conséquences désastreuses pour l’écosystème forestier (fragilisation du sol, diminution de la capacité de stockage de carbone, détérioration de la qualité de l’eau, etc.). D’où l’importance de se préparer en formant les services d’incendie et en établissant une stratégie nationale globale pour préserver nos forêts, réserves de biodiversité.

14 agents de Bruxelles Environnement ont pu tester leurs actes de gestion dans le « lisièroscope » mis en place par Forêt.Nature. Cette aire d’exercice fonctionne comme un marteloscope mais avec un focus lisière. Tous les arbres sont mesurés, qualifiés et géoréférencés. Les participants à l’exercice choisissent les actes de gestion à mener en fonction des objectifs déterminés préalablement : entretenir ou créer une lisière étagée et diversifiée. Les résultats des prélèvements sont ensuite analysés ensemble grâce à un logiciel qui met en avant les conséquences des choix réalisés.

Cet exercice offre l’avantage de pouvoir s’entraîner avant d’être confronté à la situation réelle.

Deux lisièroscopes ont été installés, en Condroz et en Ardenne, grâce au financement du Plan de relance de la Wallonie.

Le principal puits de carbone est constitué par les océans. Les puits de carbone terrestres ont tendance à augmenter. Environ 35 gigatonnes de carbone ont été séquestrées au niveau des écosystèmes terrestres. Ce qui représente une augmentation de presque un tiers lors de la dernière décennie. Mais la répartition est en train de changer. Le stockage « non vivant » comme la matière organique des sols, les sédiments du fonds des rivières, les végétaux en décomposition, etc. dépasse désormais le stockage carbone « vivant », constitué principalement par les arbres.

En effet, les forêts sont affaiblies par les maladies et incendies favorisés par les dérèglements climatiques, ainsi que la déforestation. Par exemple, la forêt amazonienne émet davantage de carbone qu’elle n’en absorbe.

Selon les auteurs de l’étude, entre 1992 et 2019, seulement 3 % du carbone séquestré est resté dans la biomasse vivante. Cette découverte pourrait orienter de nouvelles stratégies climatiques axées sur les réservoirs non vivants, plus stables.

Une étude récente sur le couvert forestier a montré que la richesse en essences a un impact significatif sur l’efficacité de l’effet tampon par rapport aux températures minimales et maximales de l’air au sein du peuplement.

  • L’effet tampon est le plus notable en été bien qu’il soit mis en évidence durant tous les mois de l’année.
  • Il est plus marqué pour diminuer les températures maximales qu’augmenter celles minimales.
  • En moyenne un peuplement mélangé (jusqu’à 24 espèces), peut engendrer une baisse de température de -2,5 °C ± 0,2 °C (en été) et une hausse de +0,4 °C ± 0,04 °C (en hiver) par rapport à un peuplement monospécifique
  • L’effet maximal observé est de – 4,4 °C ± 0,6 °C (été, pic) et une hausse de +1,1 °C ± 0,2 °C (hiver, pic) pour un peuplement mélangé par rapport à un peuplement monospécifique

L’impact de la richesse en espèces sur la température a été évalué grâce à plusieurs indices :

  • La hauteur moyenne qui ne semble pas avoir d’effet significatif.
  • L’indice de surface foliaire (LAI) : le LAI augmente avec la richesse en espèces. Une canopée plus dense réduit la pénétration de la chaleur en été et retient la chaleur en hiver. Cet effet est particulièrement fort pendant la saison de croissance, où le feuillage est maximal.
  • L’indice de complexité structurelle du peuplement (SSCI) : le SSCI représente la complexité en hauteur et en volume des éléments de la canopée (branches, troncs, etc.). Plus il y a de diversité structurelle, plus il y a de microzones thermiques, favorisant une meilleure isolation thermique globale. Le SSCI est surtout important en dehors de la saison de croissance, quand les feuillus ont perdu leurs feuilles.

​Le présent rapport présente les résultats d’un projet visant à élaborer des techniques biométriques afin d’identifier et de tracer les grumes de chêne. L’objectif principal est de lutter contre le commerce illégal du bois en assurant une traçabilité fiable des grumes.​

Le document détaille les différentes méthodes explorées, notamment l’analyse des cernes de croissance, la texture du bois et d’autres caractéristiques physiques propres à chaque arbre. Ces techniques permettent de créer une « empreinte digitale » unique pour chaque grume, facilitant ainsi son identification tout au long de la chaîne d’approvisionnement.​

Les résultats obtenus démontrent que les approches biométriques développées offrent une précision significative dans l’identification des grumes de chêne. Toutefois, le rapport souligne également certains défis, tels que la variabilité naturelle des caractéristiques du bois et la nécessité d’une standardisation des protocoles pour une application à grande échelle.​

De plus en plus, les scientifiques constatent que l’arbre et la forêt sont capables d’étonnants processus d’adaptation. Mais la question est de savoir si ceux-ci suffiront face aux changements climatiques en cours.

Le fonctionnement d’un arbre dépend des conditions dans lesquelles il se trouve, et il fait appel à un ajustement constant qui lui permet d’endurer des conditions météorologiques très différentes au cours du temps. Malheureusement, cette plasticité a des limites qui ont maintenant été atteintes dans de nombreuses régions en Europe. En effet, au-delà de 40 °C les protéines commencent à se dénaturer et la photosynthèse et autres processus physiologiques atteignent leur limite.

D’autres capacités d’adaptation se situent à l’échelle des populations d’arbres : l’action de la sélection naturelle. Les arbres que l’on observe aujourd’hui sont les survivants de nombreux événements de sélection successifs et il existe une grande diversité génétique au sein d’une même forêt avec la coexistence de plusieurs types de stratégies d’adaptation.

Même s’il est difficile et hasardeux de prédire la capacité d’adaptation future d’une forêt particulière, on peut néanmoins raisonner l’impact des pratiques de gestion sur les mécanismes d’adaptation.

En effet, la sylviculture peut piloter les mécanismes de sélection naturelle eux-mêmes, par exemple via les coupes d’éclaircies successives. Cependant, le choix des arbres conservés lors de ces éclaircies se fait souvent sur base d’objectifs de gestion – on garde les plus beaux arbres, qui ne sont pas toujours les plus résistants à la sécheresse. Il y a donc un compromis à trouver entre réduire le stress subi par une forêt à travers les éclaircies et favoriser son adaptation génétique par sélection naturelle.

En conclusion, d’après les outils de simulation de stratégies de gestion forestière, des interventions bien raisonnées peuvent accélérer les processus d’adaptation sans nuire aux fonctions attendues de la forêt. À l’inverse, les interventions mal raisonnées peuvent freiner ces processus, voire prendre la direction d’une maladaptation. Et, de manière générale, laisser de la place aux processus naturels garantit une adaptation flexible face à des pressions imprévues et des risques multiples difficiles à anticiper.

Le bulletin de veille du projet GOLD présente les actualités scientifiques et technologiques en lien avec les pratiques forestières et la préservation des propriétés chimiques et physiques des sols forestiers. Voici, en brefs résumés, les sujets qui ont fait l’objet de recherches :

  • Dans les forêts exposées au risque de feu, les rémanents d’éclaircie sont parfois brûlés afin de diminuer la combustibilité du peuplement. Quel est l’impact sur la biodiversité du sol ? L’impact sur les populations d’arthropodes a été étudié et ces dernières n’ont pas diminué.
  • Un article parcourt la littérature scientifique relative aux différents rôles et usages du bois mort. Il ressort que le bois mort recoupe de nombreuses politiques différentes, parfois contradictoires. Les auteurs suggèrent une collaboration transdisciplinaire pour identifier les compromis entre les utilisations de la biomasse tout en assurant le maintien d’écosystèmes forestiers fonctionnels.
  • L’écorçage permet de réduire significativement l’abondance de scolytes émergeant des billes de bois, tout en épargnant la richesse spécifique de cette communauté de scarabées.
  • La compaction dégrade la conductivité hydraulique et la capacité de rétention en eau du sol à saturation. Un modèle permet de prédire ces propriétés hydrauliques à partir de la texture du sol et de l’intensité du passage des engins.
  • Les proportions de carbone, azote et phosphore et l’activité enzymatique sont significativement différentes selon les essences (études sur différents peuplements monospécifiques). Ces différences sont très marquées entre les feuillus et les résineux.
  • Des mesures thermiques du sol renseignent sur le pourcentage de matière organique du sol et sur son taux de décomposition. Testées dans des plantations d’eucalyptus du nord-ouest de l’Espagne, ces mesures révèlent que le débroussaillage et l’éclaircie, en facilitant la respiration microbienne, entraînent une diminution de la quantité de matière organique du sol.

Le plastique se décompose en minuscules particules qui polluent tout notre environnement. Des chercheurs de l’Université de Nanjing et du 5 Gyres Institute se sont penchés sur l’effet de cette pollution sur la capacité des plantes à réaliser la photosynthèse. Il en ressort que les microplastiques bloquent l’absorption de la lumière et de nutriments et perturbent la photosynthèse.

Infiltrés dans les terres agricoles, ils modifient la structure des sols : ils réduisent leur porosité et capacité à retenir l’eau et les nutriments essentiels à la croissance des cultures. De plus, ils réduisent la concentration en chlorophylle et donc, la capacité des plantes à convertir la lumière en énergie. La croissance de cultures essentielles comme le blé, le riz ou le maïs (trois cultures les plus consommées au monde) sont ainsi compromises.

Les océans ne sont pas épargnés : les microplastiques affectent directement la capacité du phytoplancton à capturer le CO₂. En effet, les particules en suspension dans l’eau réduisent l’exposition aux rayons solaires et donc, la photosynthèse. Cela a également un effet sur la croissance du phytoplancton et donc, sur l’ensemble de la chaîne alimentaire marine.

Le rapport forestier 2025 de l’Office fédéral de l’Environnement (OFEV) et de l’Institut fédéral de recherche sur la forêt, la neige et le paysage (WSL) vient de sortir. Il relate l’état et l’évolution de la forêt au cours des dix dernières années et met en évidence la nécessité d’adapter les peuplements forestiers aux changements climatiques.

Les événements météorologiques extrêmes ont été plus nombreux au cours de la dernière décennie et associés à des dépôts d’azote élevés et aux ravageurs, ils ont affecté la forêt au point d’atteindre par endroit un état critique avec des conséquences pour les différentes fonctions de la forêt et en particulier la filière bois.

Du côté de la biodiversité, les choses vont plutôt bien pour certaines espèces avec une légère amélioration, notamment au niveau du nombre d’oiseaux forestiers, de mollusques et de mousses qui sont en légère augmentation ou encore, des zones protégées qui sont passées de 5 à 7% de la surface forestière.

L’augmentation du bois mort en forêt, conséquence des catastrophes précitées, est aussi favorable au développement de la biodiversité. Pour d’autres la situation n’est pas encore au beau fixe : 13 % des plantes forestières et près de la moitié des espèces de coléoptères saproxyliques sont encore menacées.

Avoir une forêt capable de s’adapter aux défis à venir est un défi majeur : essences plus résistantes, diversification des structures et régulation des populations de gibier font partie des solutions envisagées.