À l’heure actuelle, la nécessité de gérer conjointement les populations de cervidés et leurs habitats ne fait plus débat, c’est la notion d’équilibre sylvo-cynégétique. Trois étapes sont essentielles à l’atteinte d’un tel équilibre : (1) cibler un état d’équilibre cohérent avec les objectifs de gestion, (2) situer l’état actuel par rapport à l’état d’équilibre ciblé et (3) décider d’actions à mener pour atteindre l’équilibre ciblé et le maintenir à long terme. L’étude de la dynamique des populations et des relations entre ces populations et le milieu dans lequel elles évoluent est indispensable, car elle permet de décider, en connaissance de cause, des actions à mener et de proposer des méthodes de gestion efficaces pour mener ces actions. Les résultats présentés ici sont issus d’une étude menée sur l’utilisation, la sélection et le partage des ressources par le cerf et le chevreuil dans la Réserve Nationale de Chasse et de Faune Sauvage de La Petite-Pierre (Bas-Rhin, France). Des différences importantes de superficie du domaine vital ont été mises en évidence (150 à 350 hectares pour les biches, 15 à 35 hectares pour les chevrettes) ainsi que de régime alimentaire (qui se distinguent essentiellement par la consommation de graminées par le cerf et de ronce par le chevreuil). Ces différences peuvent être interprétées en termes de différence de masse corporelle entre les deux espèces. Étape suivante : ces résultats permettent de proposer des méthodes de gestion intégrée visant, à l’échelle du massif forestier, l’augmentation et la régularisation dans le temps de la capacité d’accueil du milieu et, à l’échelle de l’unité de régénération, la réduction de la sensibilité des semis naturels ou artificiels aux dégâts d’abroutissement.