Le cheval de débardage se raréfie nettement dans les forêts de nos pays voisins. Chez nous, il y a lieu de constater un déclin progressif de cette activité mais la situation est loin d’être similaire et la présence du cheval dans nos forêts est encore bien marquée. Pour faire le point sur la situation actuelle, une enquête a été menée auprès des acteurs de la filière. En Région wallonne, 220 chevaux travaillent régulièrement en forêt. Avec eux, 91 personnes ont été identifiées comme étant clairement actives dans le domaine du débardage au cheval. Ces hommes, dont l’âge moyen est de 40 à 50 ans, passionnés par leur métier, s’interrogent sur l’avenir de leur profession. Seulement 10 % d’entre eux déclarent avoir des problèmes de trésorerie, mais la moitié considère quand même que la survie de leur entreprise est en danger. Les principaux risques cités étant la diminution du marché et la rude concurrence. Aucun débardeur parmi les enquêtés n’envisage cependant d’arrêter ses activités de débardage à court terme. Les débardeurs, dont les chantiers sont parfois éloignés de près de 50 kilomètres de leur domicile, œuvrent exclusivement ou principalement en résineux (essentiellement dans les trois premières éclaircies mais sans prépondérance pour l’une d’elles). Cependant, 15 % d’entre eux opèrent aussi en feuillus de manière régulière. Presque tous réalisent des travaux en conditions difficiles, mais dans des proportions très variables d’un débardeur à l’autre, certains allant même jusqu’à refuser tout travail en pente forte ou sur terrain fangeux. Le caractère polyvalent du cheval pour travailler en terrain difficile est reconnu mais, grâce à ces nombreuses qualités, il a également sa place dans les terrains dits « faciles ». Bon nombre d’exploitants pensent d’ailleurs que les raisons qui favorisent l’emploi des chevaux sont d’ordre économique ; que le cheval est tout à fait rentable jusqu’à la troisième éclaircie résineuse. Le danger pour l’avenir du cheval en forêt, se situe dans la diminution de l’exploitation en long. En effet, si le cheval reste économiquement rentable dans l’exploitation en long des premières éclaircies, il devient inutile dans l’exploitation en billons. Cette dernière est sans doute pourtant amenée à se développer de plus en plus dans les années à venir car le couple abatteuse/porteur, utilisé pour exploiter les coupes résineuses, est une méthode de travail qui prend de plus en plus d’ampleur et qui semble irréversible, pour des raisons principalement économiques. Pourtant, malgré le déclin amorcé au sein de la profession, plusieurs éléments permettent d’affirmer que le débardage au cheval possède encore un avenir en Région wallonne. D’autant que, dans une optique de gestion durable, la mécanisation semble avoir atteint ses propres limites et que le rendement à tout prix doit dès lors être reconsidéré. L’heure est sans doute venue pour un équilibre entre la mécanisation et les techniques plus respectueuses de l’environnement, plus humaines également. Le défi est difficile mais réalisable, le secret de la réussite résidant inévitablement dans une prise de conscience générale de la part de tous les acteurs de la filière.