Comme dans l’ensemble européen, la forêt privée française reflète la forêt nationale. Elle hérite de l’agro-pastoralisme et de la priorité donnée au bois de feu. La forêt française privée est davantage feuillue. Au sein de l’Union européenne, c’est un avantage car elle complète la production européenne mais un inconvénient pour les propriétaires dont les parcelles ne sont pas enrésinées. La propriété privée est mal connue. Quelques caractéristiques cependant : le propriétaire ne veut pas s’ennuyer avec un bien qui rapporte peu. En effet, la sylviculture est peu rentable. Elle produit entre 0 et 3 % d’intérêt ; l’amélioration des performances est gênée par la taille moyenne des propriétés, minuscule à l’échelle internationale : 7 hectares ; au morcellement des biens s’ajoute leur transmission. L’âge moyen des sylviculteurs est de 62 ans. Le forestier doit réfléchir à la manière de transmettre son bien. Les enfants, souvent partis vivre en ville, ne s’intéressent pas à un tel patrimoine ; la non-assurance est la règle ou presque : 7 % des superficies et 0, 5 % des propriétaires seulement sont assurés ; les feuillus demeurent majoritaires. La mécanisation des récoltes qui devrait atteindre 44 % en 2010 (elle concernait 2 % des peuplements en 1999) est un vœu pieu. Le matériel lourd est inadapté aux feuillus. Ce sont les résineux des plaines qui profitent de la mécanisation. En outre, cela nécessite la formation des conducteurs ; le manque de main d’œuvre. On reproche aux métiers de la forêt une image dévalorisante, une besogne épuisante, un salaire dérisoire. Pourtant, depuis une dizaine d’années, tous les prix sont à la hausse. C’est indépendant de la maturité des peuplements. Cela prouve que l’intérêt sylvicole est secondaire. On ne prélève plus que le tiers de la production biologique : les arbres constituent alors une réserve verte. Le propriétaire peut se réjouir s’il dispose de peuplements de qualité : arbres bien desservis, bien éclaircis, bien élagués. Les critères ne sont pas définis par ceux qui éduquent les arbres mais par ceux qui les achètent. Deux pistes sont prometteuses : les maisons à ossature bois et le renouveau du bois de feu (bûches, rondins, plaquettes, granulés). Standardisation et préfabrication charpentent la réussite des maisons à ossature bois. Ce qui pondère les bénéfices qu’en espèrent les sylviculteurs : les bois des maisons à ossature bois viendraient des pays scandinaves, en avance sur la normalisation ou des pays où la main d’œuvre est moins chère. En outre, la pratique courante outre-Atlantique des maisons ossature bois « clé en mains » va resserrer les prix. La maison à ossature bois n’annonce pas forcément un avenir radieux pour les sylviculteurs nationaux mais elle revalorise l’image du bois aux yeux du citoyen. En revanche l’engouement actuel pour le chauffage au bois offre un créneau réel. La fourniture du chauffage n’est pas délocalisable. On espère ainsi alléger la dépendance énergétique, combattre l’effet de serre, valoriser au mieux l’énergie, créer de l’emploi. Le redressement des cours du bois apporte une embellie. Il convient d’intervenir sur tous les maillons de la chaînes des investissements.