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Forêt.Nature n°127

État des lieux du taillis à (très) courte rotation en Wallonie

Laurent Somer

Les taillis à courte ou très courte rotation pourraient constituer une piste de solution pour remplir les objectifs européens en termes d’énergies renouvelables. Cependant, après l’implantation de quelques chaufferies biomasse, l’enthousiasme pour les taillis est retombé. Dans d’autres pays européens, les taillis se sont fortement développés, notamment grâce à des incitants financiers. En Wallonie, seuls 68 hectares ont été recensés en 2012. La culture du taillis est entièrement mécanisée, depuis l’implantation jusqu’à la récolte. Aussi, le choix du site d’implantation est important : les parcelles doivent être bien alimentées en eau (précipitations annuelles entre 600 et 1 000 mm dont au moins 300 mm en période de végétation) et leur portance doit être suffisante pour permettre l’exploitation. La récolte se fait de préférence sur sol gelé, tous les 2 à 3 ans pour les taillis à très courte rotation ou tous les 5 à 8 ans dans le cas de cycles plus longs. Elle peut être réalisée avec du matériel forestier classique (abatteuse-fagoteuse) ou agricole adapté, selon le diamètre des tiges récoltées. Différents modes de récolte sont possibles : en plaquettes, en tiges entières, en « biobaler » (plaquettes compactées dans des balles) ou grâce à une tête d’ensileuse sur tracteur. Les rendements annoncés vont de 7 à 15 tonnes de matière sèche par an et par hectare. La valorisation de la matière peut être énergétique, mais aussi industrielle et notamment pour la pâte à papier, le contreplaqué, les panneaux isolants, les papiers et cartons ou encore les emballages légers. La rentabilité des taillis est très difficile à évaluer. Cependant, quelques calculs permettent de se rendre compte assez rapidement que le prix des plaquettes issues des taillis à courte rotation ne permet pas de concurrencer les plaquettes forestières, de qualité généralement supérieure. Les taillis à courte et très courte rotation sont encore mal connus en Wallonie et peu d’agriculteurs s’y intéressent. Ces cultures demandent de mobiliser une surface durant 20 ans et ne permettent pas actuellement un retour sur investissement satisfaisant. Toutefois, il semble que la demande croissante pour le bois de chauffage laisse entrevoir quelques perspectives pour les plaquettes issues de taillis. Il faudra néanmoins consentir des investissements et peut-être mettre en place des mesures de soutien pour favoriser ce type de culture. [S.P.]

Somer L.[2013]. État des lieux du taillis à (très) courte rotation en Wallonie. Forêt Wallonne 127: 28-38 (11p., 1fig. 4tab., 2réf.).