À travers l’exemple d’un conflit entre chasseurs et naturalistes autour d’une réserve et de dégâts de sangliers, il est possible de voir comment les uns et les autres produisent leur propre connaissance de la nature. Si les connaissances de l’association naturaliste et celles des chasseurs ne portent pas sur les mêmes objets, ne sont pas développées dans les mêmes objectifs et ne s’élaborent pas de la même manière, ils partagent néanmoins un certain nombre de points communs. À la différence des chasseurs, les naturalistes ont appris à traduire leur connaissance dans un format scientifique qui valorise la neutralité, la standardisation et la quantification. Les chasseurs, eux, ne sont pas engagés dans une logique de professionnalisation et produisent du savoir dans un but pragmatique : chasser (plaisir) et gérer (devoir). L’argument de la régulation est toutefois surévalué au détriment de celui du plaisir, pourtant central dans leur pratique, vu le contexte rationalisant et écologisant. Un phénomène naturel est finalement vu de manière multiple en fonction des acteurs en jeu.