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Free monthly press review on forests and nature

Deux Instituts de recherche allemands ont étudié l’influence de différentes essences sur le bilan hydrique (transpiration, interception, etc.) et sur le cycle de l’eau (stockage de l’eau dans le sol, recharge des nappes phréatiques, etc.) dans le cadre d’un projet commun (InteW2).  Six essences ont été étudiées : hêtre, épicéa, douglas, pin, chêne rouge d’Amérique et chêne pédonculé.

L’étude a montré que le chêne rouge d’Amérique et le pin sont particulièrement économes en eau du sol. Le chêne pédonculé et le douglas, par contre, évaporent davantage d’eau au cours de l’année.

Le douglas piège l’eau de pluie : une grande quantité d’eau est ainsi perdue car elle n’atteint pas le sol (« interception »). Néanmoins, le douglas utilise l’eau disponible de manière parcimonieuse. La recharge des eaux souterraines est donc globalement bonne et comparable à celle du pin.

Les nouveaux développements stratégiques (la Stratégie nationale pour l’eau et la Stratégie forestière 2050, en Allemagne) vont renforcer la collaboration entre les deux disciplines. Le projet InteW2 a réuni différents acteurs (experts de l’administration, de la foresterie, de la gestion de l’eau et de la société civile) afin de proposer un catalogue de bonnes pratiques et de recommandations pour les décideurs politiques.

Une étude menée par des chercheurs du Centre d’Ecologie Fonctionnelle et Evolutive (CEFE) en France a montré que l’agencement spatial des différentes essences dans les forêts mixtes joue un rôle clé dans l’optimisation de fonctions telles que la productivité forestière, le stockage du carbone et le recyclage des nutriments. Ces effets sont renforcés par le nombre d’espèces présentes, soulignant l’importance de l’organisation spatiale et de la diversité d’arbres pour optimiser les bénéfices écologiques des programmes de reboisement.

Dans ce contexte, la plantation en mélange est recommandée. Cependant, les techniques utilisées, notamment l’agencement spatial des espèces, restent peu explorées et se confrontent souvent aux contraintes de gestion sur le terrain. Pour répondre à cette question, différents scénarios de plantations ont été mis en place dans le cadre de cette étude : le regroupement par espèces, la distribution aléatoire ou encore la plantation en ligne.

Les résultats de l’étude montrent qu’une plus grande hétérogénéité spatiale des espèces favorise une production accrue de biomasse forestière. Les explications sont nombreuses : une répartition plus homogène de la litière, une augmentation de sa décomposition, ainsi qu’une amélioration des cycles associés de l’azote et du carbone. Et ces effets sont renforcés par une augmentation de la richesse spécifique, allant de 2 à 8 espèces.

En conclusion, un agencement spatial adéquat des arbres constitue une solution efficace et relativement simple à mettre en œuvre pour maximiser l’effet positif de la biodiversité sur le bon fonctionnement des écosystèmes.

Le ForestMoocForChange repart pour une quatrième session du 15 octobre 2025 au 15 janvier 2026. Huit chapitres, 8 semaines et un quizz final pour tester vos connaissances. Déjà suivi par plus de 16 000 personnes en Europe, le FMFC est le premier cours en ligne gratuit sur la sylviculture mélangée à couvert continu (SMCC), disponible en trois langues (français, anglais, allemand). Il a pour ambition d’améliorer le niveau d’information, de connaissances et de compétences des gestionnaires et propriétaires forestiers en matière de SMCC afin d’impacter les pratiques au bénéfice d’une gestion adaptée face aux enjeux des changements climatiques.

Afin de mieux comprendre l’influence de la structure du peuplement sur les conditions d’ensoleillement dans le sous-étage de chênaies matures équiennes, des chercheurs ont étudié en Allemagne l’impact du type de coupe sur l’éclairement et son hétérogénéité, caractéristiques importantes pour la compétition entre les semis naturels et le sous-étage.

L’intensité et le type d’éclairement (éclairement direct, indirect et total) ont été comparés dans des peuplements de chênes matures traités par coupes progressives de différentes intensités et par trouées de différentes tailles.

  • L’éclairement en sous-étage dans les peuplements traités par coupes progressives pouvait être prédit par la surface terrière et le couvert forestier.
  • L’éclairement indirect y était cependant plus facile à prédire que l’éclairement direct qui est plus variable pour une même surface terrière, dépendant de l’ouverture dans la canopée vers le sud.
  • Dans les trouées, l’éclairement pouvait être prédit par la taille de celles-ci, leur diamètre et la hauteur des arbres en bordure de trouée.
  • Les trouées de plus de 10 ares présentaient une hétérogénéité spatiale supérieure à celle des peuplements traités en coupe progressive, permettant la régénération d’espèces ayant des besoins différents en lumière.
  • Les coupes progressives offraient par contre des conditions de lumière plus homogènes mais également plus variables dans le temps.

 

Ils en déduisent que la coupe progressive est plus adaptée lorsque l’on veut régénérer le chêne sessile majoritairement alors que la régénération par création de trouées doit être préférée lorsque l’on souhaite régénérer le chêne en mélange avec d’autres espèces.

On associe souvent la restauration de la nature à la reforestation. Mais contrairement à certaines idées reçues, il ne faut pas forcément planter des arbres pour restaurer la nature ! Une étude internationale pilotée par l’Université de Liège le montre en présentant une cartographie innovante des végétations naturelles potentielles de la Terre, allant des zones semi-désertiques aux forêts.

Le modèle prédictif, créé sur base de 40 000 relevés écologiques et de 6 jeux de données climatiques, estime ainsi les formes de végétation que chaque région de la planète pourrait naturellement supporter. L’originalité de ce modèle réside dans la prise en compte non seulement du changement climatique, mais également des régimes d’incendies et de la présence d’herbivores, pour une approche plus réaliste de la restauration des écosystèmes.

Les principaux résultats montrent que 43 % des terres émergées pourraient être naturellement boisées, que 39 % pourraient accueillir des végétations basses (herbacées ou arbustives), et que 18 % seraient dominées par du sol nu (hors surfaces glacées ou urbaines).

L’étude identifie également environ 675 millions d’hectares où plusieurs états de végétation sont possibles selon la manière dont le feu ou l’herbivorie sont gérés, soit une surface équivalente à celle du bassin amazonien.

Les zones les plus importantes où l’on trouve une végétation naturelle alternative sont les biomes subtropicaux et tempérés, où les incendies et l’herbivorie favorisent la transition des forêts denses vers des systèmes herbacés, puis finalement des systèmes herbacés vers des déserts.

De façon surprenante, l’étude montre qu’à l’horizon 2050, la gestion des incendies et de l’herbivorie a parfois un impact plus fort sur le paysage que le changement climatique lui-même. Par exemple, une augmentation de la biomasse herbivore pouvant atteindre 30 000 kg par km², soit près de la limite supérieure observée en Europe lors de la dernière période interglaciaire (environ 30 bisons par km²), peut réduire la couverture forestière de 55 à 11 % dans les montagnes dinariques en Europe, et de 44 à 8 % dans la taïga du nord-est de la Sibérie.

Cette nouvelle cartographie démontre ainsi clairement que nos paysages sont le fruit de la dynamique naturelle, mais également des choix humains opérés. Le modèle sert donc d’outil d’aide à la décision pour différents acteurs. Il est consultable en ligne via EarthMap et Google Earth Engine.

La cartographie est un outil clé pour décrire nos ressources naturelles. L’évolution des données de télédétection et des algorithmes informatiques ouvre de nouvelles possibilités dans ce domaine. Cet article présente deux séries de nouvelles couches cartographiques, développées par Gembloux Agro-Bio Tech (ULiège) qui fourniront aux gestionnaires forestiers wallons des informations précieuses pour mieux connaître leur patrimoine.

La première couche décrit la structure horizontale des forêts en considérant huit stades de développement à partir de la hauteur de la canopée. Cette couche est particulièrement utile pour la gestion des peuplements irréguliers et le suivi de la régénération.

Les autres couches reprennent diverses variables dendrométriques telles que le volume sur pied, la surface terrière et le nombre de tiges par hectare. Ces variables ont été estimées via un modèle d’intelligence artificielle entraîné sur plus de 5 000 placettes d’inventaire. Malgré certaines imprécisions locales, ces couches dendrométriques ont été jugées fiables à des échelles plus larges.

Un exemple d’analyse à l’échelle de la commune de Bertrix (Wallonie) illustre l’apport de ces couches pour décrire la ressource forestière ligneuse selon l’essence, le stade de développement et le type de propriétaire.

Les couches présentées dans cet article sont disponibles sur la plateforme Forestimator (versions « web » et « mobile ») qui comprend aussi une fonction d’analyse surfacique intégrée.

Un post LinkedIn de l’écologue Bart Nyssen synthétise les recommandations de gestion du cerisier tardif élaborées par le Service forestier du Land allemand de Brandebourg.

Peu d’espèces forestières européennes suscitent autant de débats que cette essence. Avec l’évolution du climat, sa propagation devrait s’accélérer, ce qui constitue une menace pour la biodiversité locale.

Aujourd’hui, son élimination en Europe n’est plus considérée comme réalisable. Cependant, il est possible de s’appuyer sur des décennies de recherche et d’expérience pour formuler des recommandations sur la gestion de cette espèce.

Le guide réalisé par le Service forestier allemand présente des recommandations pratiques, classées en fonction de l’état initial des peuplements. Des possibilités d’intégration et de gestion sylvicoles sont illustrées à l’aide d’études de cas tirés de la pratique forestière dans le Brandebourg. Parmi les points clés cités se trouvent : la gestion cohérente des populations de grande faune, l’exposition des cerisiers tardifs à la pression concurrentielle des espèces d’arbres indigènes et la coupe prudente de certains individus de cerisiers en faveur d’espèces locales.

Expériences et recommandations pour la gestion du cerisier tardif en forêt (pdf, en allemand).

Une enquête internationale (Roumanie, Espagne, France, Allemagne, Belgique, Pays-Bas, Finlande et Moldavie) a été menée dans le cadre du projet INFORMA, dans le but de mieux comprendre les perceptions des gestionnaires forestiers au sujet des impacts liés aux changements climatiques sur les forêts.

Les gestionnaires forestiers sont très conscients des effets du changement climatique sur les forêts qu’ils gèrent. Les principaux effets redoutés sont la hausse des températures et la baisse des précipitations (97 % des répondants).

Les risques majeurs identifiés par les gestionnaires forestiers sont l’incidence des incendies de forêt, le déclin forestier, les maladies et ravageurs, les chutes d’arbres, la difficulté à régénérer naturellement la forêt, la baisse de productivité forestière, les risques d’inondation et la perte de biodiversité. La crainte d’une perte de biodiversité due aux changements climatiques préoccupe davantage les gestionnaires forestiers que la baisse de la productivité forestière (70 et 57 % respectivement).

Les obstacles relevés par les répondants des différents pays sont essentiellement administratifs et économiques : bureaucratie excessive ou législation trop restrictive, mentalité conservatrice, pénurie de main-d’œuvre et besoins en formation, dégâts causés par le gibier entravant la régénération naturelle.

La perception de la gravité des impacts du changement climatique varie selon la région bioclimatique. Les répondants des régions alpines, atlantiques et boréales sont moins convaincus que le changement climatique aura un impact significatif sur les forêts de leur région, par rapport aux gestionnaires forestiers des biorégions continentales, méditerranéennes et tempérées.

Les solutions qui ressortent de l’étude sont la mise en place d’une gestion forestière adaptative (mélange d’espèces, choix d’espèces moins vulnérables aux chablis ou à la sécheresse, utilisation de la régénération naturelle plutôt que la plantation, diminution de l’intensité et de la fréquence des éclaircies.

Le 4ᵉ bulletin de veille du projet GOLD, dont l’objectif est l’amélioration des pratiques forestières pour préserver les propriétés physiques et chimiques des sols, a été publié en juillet, présentant plusieurs résultats de la recherche dans ce domaine :

  • Une expérience dans les forêts viennoises a comparé des ornières créées il y a 1 an et 18 ans pour évaluer la récupération des sols. Les vers de terre ont montré une recolonisation progressive, bien que certaines espèces n’aient pas retrouvé leurs niveaux initiaux. L’imagerie aux rayons X a révélé une récupération quasi complète de la porosité à 5 cm de profondeur, mais seulement partielle à 15 cm. Ainsi, malgré un retour de la faune et une amélioration de la structure superficielle, les effets de la compaction persistent en profondeur après 18 ans.
  • Dans les forêts de conifères suédoises exploitées cycliquement par coupes rases, l’abondance des ectomycorhizes revient à son niveau d’avant coupe en moins de 20 ans. Cependant, ce n’est pas le cas pour certaines espèces typiques des sols forestiers présents dans les vieux peuplements.
  • Dans les hêtraies à proximité de Vienne, l’abattage manuel suivi d’un débardage par câble n’a un effet de compaction que sur les 5 premiers centimètres de sol. Cette méthode n’augmente pas l’écoulement de surface par rapport aux sites témoins non exploités.
  • D’après des méta-analyses réalisées à l’échelle mondiale, il a été montré que par rapport à des plantations monospécifiques, les plantations en mélange améliorent non seulement les propriétés physico-chimiques des sols, mais également leur texture. Les principaux résultats montrent des améliorations au niveau de la teneur en nutriments (augmentation de 9,6 % à 17,8 %), de la biomasse microbienne (de 17,2 % à 28,8 %), de la séquestration de carbone (de 7,2 % à 19,9 %) ou de la proportion de macroagrégats (amélioration de 5 %).

 

D’autres résultats abordant les thématiques de la compaction des sols ou de la récolte de biomasse sont à découvrir dans ce bulletin, disponible sur le site du GIP-ECOFOR.

Spécialiste passionné des écosystèmes forestiers et naturels, Jean Delacre a conçu, rédigé et diffusé des textes consacrés à la préservation des arbres et de la biodiversité durant plus de 10 ans. Ses écrits s’appuient sur une expérience de terrain riche en observations, constituant ainsi une documentation vivante de son engagement. En associant des analyses engagées à des représentations sensibles de la forêt, ce recueil met en évidence une passion et une réflexion critique de la valorisation du vivant. L’ouvrage offre à la fois une approche pédagogique et réflexive, en révélant la valeur scientifique, culturelle et émotionnelle de « toutes les petites choses du bois », qui constituent une source permanente de connaissance et d’émerveillement, quel que soit l’âge du lecteur.