Search
Generic filters
Training
Forêt.Nature journal
Forêt.Mail
Bibliotheque

Forêt.Nature n°76

Un traitement en futaie irrégulière en Haute-Saône (Nord-Est de la France)

Ningre F., Armand G., Bruciamacchie M, Tomasini J.

La forêt du Grand Bois (environ 400 ha) est un bel exemple de gestion en hêtraie irrégulière en forêt privée (70 % du volume en hêtre, le reste en chêne sessile et sapin pectiné). Un réseau de placettes de référence a été mis en place en 1992 afin de caractériser la gestion et de fournir aux gestionnaires des indications de conduites sylvicoles (réseau AFI). L’objectif pour cette forêt est la production soutenue de hêtre de grande qualité. Traitée à l’origine en taillis sous futaie, la conversion en futaie irrégulière a donné au gestionnaire la possibilité de limiter les investissements et d’éviter une exploitation trop précoce des arbres de qualité (abandon des coupes d’abri classiques), tout en maintenant un bon équilibre des recettes et des dépenses dans la mesure où la régénération naturelle du hêtre est aisée à obtenir. La récolte d’un arbre n’a de sens que si sa valeur ne peut raisonnablement plus augmenter ou si c’est un concurrent d’un arbre de qualité ou d’une tache de semis que l’on souhaite favoriser. Sont conservés les arbres ne gênant pas ou peu sans grande valeur commerciale, ceux morts ou dépérissants ou remarquables. Le sous-étage est géré (extraction de quelques brins de taillis et de perches) de façon à maintenir une lumière diffuse pour limiter l’enherbement, éduquer les semis, protéger les tiges de qualité, favoriser la régénération diffuse, favoriser la dynamique de la matière organique… Un des grands intérêts de l’ensemencement diffus est de laisser la place aux semis d’autres essences. La surface terrière du sous-étage est de 2 à 3 m²/ha, ce qui lui permettra de pleinement jouer son rôle d’éducateur des jeunes arbres. Selon d’autres placettes d’observation du réseau AFI au delà de 4 m² le sous étage devient défavorable à la régénération. La pérennité de la structure semble assurée dans la mesure où le passage à la futaie est bien supérieur à 1 à 2 tiges/ha/an (valeurs limites issues d’observations). Les éclaircies favoriseront les arbres de qualité aussi longtemps qu’ils présentent une bille de pied sans défaut et un houppier en croissance. Dès que l’élagage naturel de la bille de pied est achevé, il est nécessaire de donner une large place à leur houppier sans toutefois prélever des arbres plus gros et de qualité encore en pleine production. Le sous-étage est éliminé si son couvert peut rendre difficile l’apparition et la croissance des semis sous de gros bois dont l’enlèvement est prévu dans un avenir proche. Dans une cépée, les brins de taillis qui montent dans le houppier des réserves et nuisent à leur qualité seront également supprimés. La rotation des coupes est fixée à 10 ans et le prélèvement annuel à 3 % du volume sur pied. La coupe principale récolte essentiellement du bois d’œuvre, la coupe intermédiaire (à mi période) prélève au contraire des arbres de faibles dimensions. Dans ces forêts, plusieurs observations montrent que la surface terrière des réserves ne doit pas dépasser 20 m²/ha avant exploitation et être inférieure à 10 m²/ha après. En effet, plus de 20 m²/ha mettrait en péril la régénération naturelle et moins de 10 m2/ha entraînerait des risques de perte de production. L’exploitation se réalise par cloisonnements de 4 mètres de large tous les 24 mètres afin de rationaliser les travaux, réduire les risques de blessures à la base des arbres et de dégâts au sol. L’accroissement annuel sur le diamètre observé permet d’espérer récolter des hêtres de grandes dimensions en moins de 100 ans. Le fort potentiel initial en qualité des hêtres de petites dimensions s’est déplacé en 10 ans vers les bois moyens, gage d’une récolte future d’une forte proportion de bois de valeur. L’abondance de la régénération et des perches de hêtre va fournir un grand nombre de petits bois qui se sont développés dans un environnement favorable à une bonne forme. La dynamique des tiges d’avenir illustre bien une gestion qui recherche une concentration de la production sur des arbres de valeur. Le coût de la gestion est estimé à 0,5 heure/ha/an. Ceci correspond pour une parcelle de 10 ha et une période de 10 ans à 5 heures de martelage, 10 heures d’inventaire en plein, 20 heures de griffage et 15 heures d’observation.

Ningre F., Armand G., Bruciamacchie M, Tomasini J. [2005]. Un traitement en futaie irrégulière en Haute-Saône (Nord-Est de la France). Forêt Wallonne 76 : 3-15.