La gestion sylvicole proche de la nature et qui favorise une diversité de composition et de structure des forêts est la seule qui puisse réellement répondre aux aspirations de multifonctionnalité portées sur la forêt par nos sociétés. Tel est le postulat de base de l’auteur, qui rappelle ensuite qu’historiquement, ce n’est pas un souci de multifonctionnalité qui a poussé les forestiers du XIXᵉ siècle à mettre en place ce type de sylviculture mais une approche, pas si éloignée, qui voyait dans la forêt autre chose qu’une usine à bois et qui les poussait à prendre en compte la globalité de la « sylve » en termes d’utilisation respectueuse ménageant le système de production. Ceux qui, aujourd’hui, prônent la maximisation de la rente du sol récusent toute multifonctionnalité, ce qui apparaît plutôt unilatéral. Il semble également difficile d’ignorer certaines valeurs éthiques, comme le bon comportement écologique, qui risquent demain d’être déterminantes. Le problème d’une rétribution convenable pour les prestations non-marchandes n’est pas encore levé mais ce qui s’est passé avec l’alimentation bio pourrait arriver pour le bois. Enfin, l’auteur rappelle que la domination actuelle des petits bois sur les gros, suite aux exigences des industries, est hautement discutable, en tous cas conceptuellement, dans la mesure où l’adaptibilité de la technique est largement plus rapide que celle des systèmes de production.
Schütz J.-P.
Schütz J.-P. [2006]. La multifonctionnalité, principe central de la sylviculture durable et proche de la nature. Forêt Wallonne 85 : 3-8.