Cohabitation entre les loups, les cerfs… et nous

Un article paru dans CNRS Le Journal fait le point sur la cohabitation entre les loups, les cerfs et les humains. L’auteur indique que malgré la menace que la présence du loup fait planer sur les troupeaux, elle a aussi des effets bénéfiques, en régulant par exemple les populations de cervidés. C’est ce que rappellent des scientifiques dans une étude qui invite à prendre de la hauteur sur le sujet pour mieux apprécier toute l’étendue des enjeux que pose cette cohabitation.
Tandis que les médias et l’opinion publique se focalisent sur l’effet négatif direct engendré par la présence du loup, à savoir la mortalité engendrée dans les troupeaux, les effets positifs généralement indirects et donc difficiles à mettre en évidence sont souvent ignorés. Le retour des loups est un processus naturel, conséquence de la protection légale que leur accorde la convention de Berne depuis 1979, mais surtout de l’augmentation spectaculaire du nombre de leurs proies, les cerfs et les chevreuils. Or, bien que peu médiatisées, les conséquences des fortes abondances de cervidés sont nombreuses : perte de biodiversité, dégâts occasionnés à l’agriculture et aux arbres, difficulté de la régénération naturelle en forêt, disparition de la végétation du sous-bois, propagation de maladies comme celle de Lyme, compactage des sols… La baisse de biodiversité en l’absence de prédateurs s’explique par l’hypothèse dite du « contrôle trophique descendant », à savoir que le contrôle exercé par les prédateurs conditionne le maintien d’une diversité végétale et animale élevée.
L’objet de l’étude n’est pas de crier haro sur les cerfs, mais d’avoir une vision plus équilibrée des impacts, positifs et négatifs, de la présence des loups. Car le grand public et les décideurs politiques envisagent rarement la façon dont ces animaux pourraient aider les humains et les écosystèmes naturels en atténuant les conséquences agricoles, sociales ou écologiques de la forte densité des populations de cerfs.
Hecquet R. (2020). Des loups, des cerfs… et nous. CNRS Le Journal, 26.02.2020.